Berretines, passions portègnes

 


 

     En 1933, pour Enrique Telémaco Susini, réalisateur du film Los Tres Berretines, le Fútbol était, avec le Tango et le Cine, une des trois passions typiquement portègnes.

 

Fútbol et Tango 

 

     Fútbol et Tango font bon ménage. Sur le sujet, on lira l’ouvrage de Jean-Luc Thomas Footango, les muscles du Tango (Editions Atlantica - 2002). 

 

     Sur la fiche de lecture : "Toujours, le tango a raconté l’histoire des porteños, les amours malheureuses, l’ami perdu et retrouvé..., mais aussi les courses de chevaux, la vérité du ring et par-dessus tout, le ballon rond, vecteur de toutes les passions.  Lire la suite... 

 

     Dans son son article publié dans le numéro 24 de la revue ToutTango - juillet - septembre 2010, Jean-Luc Thomas, à propos du Fútbol et du Tangon'hésite pas à parler de vices... 

 

     De la proximité entre ces deux passionstémoignent nombre de tangos, entre autres les grands classiques :

  • Racing Club, de Vicente Greco et Ernesto Temes (premier enregistrement par Celestino Ferrer en 1916).

 

 

  • Mi primer gol, d'Horacio Pettorossi, Alejandro Fattorini et Miguel Bonano (1933).
  • El sueño del Pibede Juan Puey et Reinaldo Yiso (1945), ici dans la version d'Osvaldo Pugliese de 1945, avec Roberto Chanel au chant :

 

et aussi

  • Independiente Clubd'Agustín Bardi (enregistrement d'Alfredo Gobbi en 1948).

 

 

et plus récemment :

  • Gol argentino : tango écrit par Héctor Marcó, à l'occasion de la victoire de l'Argentine sur les Pays-Bas à la Coupe du Monde 1978, sous la dictature de Videla (texte et traduction dans l'ouvrage Barrio de Tango de Denise Anne Clavilier - Editions du Jasmin - p. 270).

 

 

 

  •  De l'album Piazzolla Mundial 78enregistré par Astor Piazzolla en Italie (autre pays du foot), voici Goooal (Golazo).

 

  

  • La milonga Maradoneando, écrite par Paul Bernaba, qui accompagne le jeu magique de la star du football mondial, El Pibe de OroOn se souvient de la "main de Dieu" d'El Diez lors du quart de finale Argentine - Angleterre au Mexique en 1986, où l'Argentine l'avait emporté en finale contre l'Allemagne.

 

  • La voici dans une version chantée (le texte est d'Elma Voto Alba).

 

et 

 

  • Para verte gambetear ("Pour pouvoir te voir dribbler") Canción candombe écrite par Alorsa en 2002 (texte et traduction dans l'ouvrage Barrio de Tango de Denise Anne Clavilier - Editions du Jasmin - p. 158).

 

 

Le Turf

 

     Aux trois passions (FútbolTango et Cine), qui animent les membres de la famille dans le film d'Enrique T. Susini, on peut ajouter un autre "dada" le Turf, auquel les Argentins se sont adonnés de tout temps.

     Les musiciens et chanteurs de tango eux-mêmes n'y échappaient pas... Ainsi, Carlos Gardel faisait courir ses chevaux... Ne raconte t'on pas aussi, entre autres anecdotes, que, du temps où il était chez D'Arienzo (1935-1938), Rodolfo Biagi se faisait remplacer au piano le dimanche pour aller parier aux courses ?

 

     D'ailleurs, bien des tangos témoignent de cette passion-là, depuis

  • Una fija / Glorias de ayer  (Una fija = Un tuyau) dont la musique est d’Ángel Villoldo et les paroles de Carlos Pesce et Antonio Polito ; le premier enregistrement de ce tango, par Juan Maglio “Pacho”, date de 1912  ; en voici la version de Carlos Di Sarli, enregistrée en 1958


 

     jusqu'à :

  • Lunático (du nom du cheval de Carlos Gardel) ; avec ce titre de Gotán Project (2006), on vient, quelque 70 ans après Por une cabeza de Carlos Gardel et Alfredo Le Pera (1935) pour ainsi dire, boucler le tour du champ de courses !

     Vidéo extraite du film Tango Bar, tourné en 1935 dans les studios de la Paramount aux Etats-Unis ; y ont été ajoutées des images de l'hippodrome de Palermo, où l'on voit le célèbre jockey Ireneo Leguisamo sur YatastoC’est la plus célèbre "vidéo" de Carlos Gardel, un des premiers "clips" de l'histoire musicale. 

     Un détail curieux : le nom qu’on lit sur la bouée, Gneisenau, est celui d'un cuirassé allemand, lancé cette année-là ! Avec son compère Tito Lusiardoque diable allaient-ils faire dans cette galère ?

 

     Entre les deux, on citera :

  • Leguisamo solo!, paroles et musique de Modesto Hugo Papávero (1925), justement en hommage à Ireneo Leguisamo :


 

Et puis, associant, le dimanche, les paris aux courses et les jeux de cartes, tels que le monte criollo, on pourra citer :

  • le tango Lunes / Lunes 13, paroles de Francisco García Jiménez, musique de José Luis Paduladont voici l'enregistrement par Antonio Bonavena, avec Jorge Omar, datant de 1932 :


     

     Une parenthèse sur le jeu du monte criollo, bien décrit dans le tango canción de 1935 portant ce titre (musique de Francisco Pracánico et texte d’Homero Manzi).

 

 

 

     Ce tango, Azucena Maizani le chante dans le film éponyme de 1935. Sur cette vidéo, entre 0:00 et 1:50, un des enregistrements d'Azucena Maizani, ici accompagnée au piano  :

 

 

     Revenons aux courses de chevaux avec le tango El recodo du début des années '40 (Paroles d’Armando Tagini - Musique d’Alejandro Junnissi), dont le texte joue sur la métaphore du virage du champ de courses pour le tournant du destin.

     Voici une des versions de Carlos Di Sarli, celle de 1941, postée par Paul Bottomer sur sa page Facebook, où il souligne justement que le terme Recodo, qui peut s'appliquer à toutes sortes de courbes, se rapporte ici à la passion nationale en Argentine (thème récurrent dans Tango) que sont les courses de chevaux ; sur cette vidéo, il en donne une jolie illustration. 

 

 

Composé par F. B.  © Juillet 2014

Actualisé décembre 2015

 

 

 

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