Une analyse de la structure métrique du tango "Mi piba/ Mi piba linda"

    Nous proposons ci-après un exemple de tango présentant dans sa structure métrique certains particularités d'écriture (ici des contre-rejets).

     Il s'agit du tango Mi piba / Mi piba linda (musique de Rodolfo Sciammarella - paroles de Manuel Romero - tango des années '40 - texte et traduction sur ce site).

Rappel de définition

Enjambement avec contre-rejet

     Il se peut que, dans un tango, la phrase musicale anticipe sur la phrase métrique (par exemple de la durée d’1 temps) donnant lieu à une formule analogue à l’enjambement avec contre-rejet, connu en poésie

Le premier accent de la phrase mélodique (dans les phrases chantées, c'est la première syllabe accentuée) sonne sur le dernier temps fort de la phrase métrique précédente.

     Écoutons le tango Mi piba dans la version de Ricardo Tanturi avec Alberto Castillo au chant, enregistrée en 1943.

     Dans le refrain, chaque phrase musicale commence sur le dernier temps fort de la phrase métrique précédente.

 

 

      On traite ci-dessous l'exemple du refrain chanté (1.22 à 1.43), y compris l'enchaînement avec le couplet qui précède, à partir de 1.15En gras les syllabes accentuées.

1

3

1

3

1

3

1

3

linda,

bue-

na,

comprensi-

va    

y esa pi-

-ba el corazón

 

me

cauti.

Que

lin-

1

3

1

3

1

3

1

3

das son

las no-

-ches  que

pa-

-so 

junto a e-

-lla,        miran-

-do las

estre-

-llas

     que no

miré

jamás

¡Que

lin-

1

3

1

3

1

3

1

3

-do es

a su la-

-do

   pasear-

nos frente

al -

-o 

y en me-

-dio

del gen-

-o

   querer-

-nos más

más!

Dirán

1

3

1

3

1

3

1

3

que soy

chifla-

-do...¡Qué

  impor-

-ta

todo e-

-so,  cuando e-

-lla me

da un be-

-so qué

impor-

-ta  lo

demás!

 

     

     Les contre-rejets des débuts de phrases musicales sur les fins de phrases métriques précédentes apparaissent clairement.

 

     Ainsi donc, dans les passages de Mi piba explorés ci-dessus, la formule du contre-rejet, à un moment où on attendrait, en fin de phrase métrique, une suspension (par répétition de la phrase précédente), au lieu de laisser retomber la dynamique, produit au contraire un effet de relance du discours musical, qui repart - pourrait-on dire "sans reprendre son souffle", ou à peine... Avis au danseur !

 

Remarque

 

     Dans ce qui précède, on aurait pu considérer que les tangos explorés était écrits à 2 temps (2X4, soit 2 noires par mesure), cette mesure étant constituée d'un temps fort en position 1 et d'un temps faible en position 2. L'analyse aurait été la même, mais on aurait remplacé les temps forts en position 3 (moins forts que les temps forts en position 1) de la mesure à 4 temps (4X8) par les temps en position 2 (temps faibles) de la mesure à 2 temps (2X4).

 

 

     A la lecture de cette page, on s'apercevra que la représentation graphique de la musique Tango utilisée ici pour mettre en évidence des configurations particulières dans la structure fine de certains tangos, peut très bien s'appliquer à n'importe quel autre tango. 

     Ce support visuel pourra aussi servir au danseur, dans la première étape d'une démarche d'appropriation de la musique, pour qu'il en suive, d'abord à l'écoute, les principaux éléments rythmiques et mélodiques, avant de passer à une phase plus active visant, quant à elle, à la traduction corporelle de ces éléments.

 

 

 

 

 

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Page mise à jour décembre 2016