Une analyse de la structure métrique du tango "Vieja amiga"

 

     Nous proposons ci-après un exemple de tango présentant dans sa structure métrique certains particularités d'écriture (ici des contre-rejets).

      Il s'agit du tango Vieja amiga (musique de Pedro Laurenz - paroles de José María Contursi - tango de 1938 - texte et traduction sur ce site).

 

Rappel de définition

Enjambement avec contre-rejet

     Il se peut aussi que la phrase musicale anticipe sur la phrase métrique (par exemple de la durée d’1 temps) donnant lieu à une formule analogue à l’enjambement avec contre-rejet, connu en poésieLe premier accent de la phrase mélodique (dans les phrases chantées, c'est la première syllabe accentuée) sonne sur le dernier temps fort de la phrase métrique précédente.

 

     Dans le couplet de ce tango la troisième phrase musicale commence sur le dernier temps fort de la phrase métrique précédente.

     Écoutons le ici dans la version de Pedro Laurenz, avec Juan Carlos Casas au chant, enregistrée en 1938.

 

   

     Sur l'exemple du couplet chanté de ce tango, on considérera l'enchaînement entre la deuxième phrase métrique, de 10 temps forts et la troisième phrase métrique, de 8 temps forts (de 1.41 à 1.57). En gras les syllabes accentuées.

 

 

1

3

1

3

1

3

1

3

1

3

Hoy     

 ---

 ---

que hay

arru-

gas en

mi fren-

te

sien-

to       más

---

la soledad

Tal-

1

3

1

3

1

3

1

3

 

vez,

al

notar-

me

avejenta-

do,

pensarás

que vengo ver-

te porque

 estoy

desespera-

do

 

 

     On voit ici clairement le contre-rejet (anticipation) en fin de deuxième phrase métrique de la première syllabe Tal- (à 1.49de la phrase mélodique qui suit. Cette anticipation, on l'aura entendue aussi sur le couplet instrumental à 0.37 et sur la variation au bandonéon à 3.02.

     On rencontre une anticipation du même type dans le refrain instrumental à 1.15 et dans sa reprise à 2.28.

 

 

     Ainsi donc, dans les passages de Vieja amiga explorés ci-dessus, la formule du contre-rejet, à un moment où on attendrait, en fin de phrase métrique, une suspension (par répétition de la phrase précédente), au lieu de laisser retomber la dynamique, produit au contraire un effet de relance du discours musical, qui repart - pourrait-on dire "sans reprendre son souffle", ou à peine... Avis au danseur !

 

 

Remarque

 

     Dans ce qui précède, on aurait pu considérer que les tangos explorés était écrits à 2 temps (2X4, soit 2 noires par mesure), cette mesure étant constituée d'un temps fort en position 1 et d'un temps faible en position 2. L'analyse aurait été la même, mais on aurait remplacé les temps forts en position 3 (moins forts que les temps forts en position 1) de la mesure à 4 temps (4X8) par les temps en position 2 (temps faibles) de la mesure à 2 temps (2X4).

 

 

     A la lecture de cette page, on s'apercevra que la représentation graphique de la musique Tango utilisée ici pour mettre en évidence des configurations particulières dans la structure fine de ce tango, peut très bien s'appliquer à n'importe quel autre tango. 

     Ce support visuel pourra aussi servir au danseur, dans la première étape d'une démarche d'appropriation de la musique, pour qu'il en suive, d'abord à l'écoute, les principaux éléments rythmiques et mélodiques, avant de passer à une phase plus active visant, quant à elle, à la traduction corporelle de ces éléments.

 

 

 

 

 

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Page mise à jour décembre 2016