El último organito

Tango de 1949

 

Paroles d’Homero Manzi - Musique d’Acho Manzi.

 

Enregistrements :

En 1949 :

  • Aníbal Troilo, avec Edmundo Rivero ;
  • Francisco Canaro, avec Alberto Arenas ;

et aussi

  • Hugo Díaz, en 1973 ;

Chanté par

  • Roberto Goyeneche, avec Néstor Marconi et son ensemble ;
  • Maria De La Fuente, en 1997 ;
  • Ricardo Olivera, en 2009 ;

et par

  • Susana Rinaldi.

 

El último organito

 

Las ruedas embarradas del último organito

 

vendrán desde la tarde buscando el arrabal,

 

con un caballo flaco y un rengo (1)  y un monito

y un coro de muchachas vestidas de percal.

 

Con pasos apagados elegirá la esquina

donde se mezclan luces de luna y almacén

 

para que bailen valses detrás de la hornacina 

la pálida marquesa y el pálido marqués.

 

El último organito irá de puerta en puerta

hasta encontrar la casa de la vecina muerta,

 

de la vecina aquella que se cansó de amar;

y allí molerá tangos para que llore el ciego,

 

el ciego inconsolable del verso de Carriego (2),

que fuma, fuma y fuma sentado en el umbral.

 

Tendrá una caja blanca el último organito

y el asma del otoño sacudirá su son,

y adornarán sus tablas cabezas de angelitos

 

y el eco de su piano será como un adiós.

 

 

Saludarán su ausencia las novias encerradas

abriendo las persianas detrás de su canción,

y el último organito se perderá en la nada

y el alma del suburbio se quedará sin voz.

 Le dernier orgue de Barbarie

 

Les roues boueuses du dernier orgue de Barbarie

surgiront de l'après-midi à la recherche du faubourg,

avec un cheval étique, un boiteux, un petit singe

et un chœur de filles vêtues de percale.

 

A pas étouffés, il choisira le coin de rue

où se mêlent les lumières de la lune et du magasin

pour faire danser des valses, par delà l'encoignure,

 à la marquise blême et au marquis blafard.

 

Le dernier orgue fera du porte-à-porte

jusqu’à ce qu’il trouve la maison de la voisine morte,

de cette voisine qui s’est lassée d’aimer ;

et là, il moulinera des tangos à faire pleurer l’aveugle,

l’aveugle inconsolable du poème de Carriego,

 qui ne cesse de fumer, assis sur le seuil.

 

 

Il aura une caisse blanche, le dernier orgue,

et le râle automnal secouera son chant,

 et des têtes d’angelots orneront ses panneaux

et l'écho de son clavier sera comme un adieu.

 

 Elles salueront son absence, les fiancées recluses

 en ouvrant leurs persiennes, sa chanson passée,

et le dernier orgue se perdra dans le néant

et l'âme de la banlieue restera sans voix.

 

 

(1) L'organillero boiteux ressort tout droit -25 ans plus tard !- de l'après-midi qu'évoque José González Castillo dans le texte du tango Organito de la tarde (de 1924), dont la musique est de son fils Cátulo. Voir texte et traduction sur le site de Fabrice Hatem et aussi dans l'ouvrage Barrio de Tango de Denise Anne Clavilier - Editions du Jasmin, page 43.

On l'écoutera plus loin, chanté par Alberto Marino, l'orchestre étant celui d'Emilio Balarce, dans un enregistrement de 1947.

(2) Allusion au poème Has vuelto d'Evaristo Carriego (1883-1912), "poète des pauvres, du tango et des mauvais garçons". Has vuelto passe pour être l'une de ses meilleures compositions.

Traduction François Benoist ©

 

     On sait qu’à Buenos Aires, la tradition des organilleros s’est perpétuée bien au delà de cette époque. C’est en fait Héctor Manuel Salvo (dit Manu Balero) qui a été le dernier organillero. On pouvait encore rencontrer ce personnage pittoresque en 1989 sur la Calle FloridaAprès sa mort en 1998 - à l'âge de 69 ans -, son orgue a été mis en vente. Fin décembre 2015, Mónica Salvo, sa fille, nous apprend que l'orgue n'a pas été vendu et qu'elle l'a finalement conservé...

     Sur son blog, elle rend hommage à son père, ainsi qu'à tous les organilleros qui ont vécu en Argentine depuis le milieu du XIXe siècle.

 

 

     Écoutons maintenant El último organito dans la version d'Aníbal Troilo, avec Edmundo Rivero (vidéo accompagnée, dans les notes, par le texte et sa traduction en anglais par Paul Bottomer ©).

 

 

 

     puis celle chantée par Roberto (El Polaco) Goyeneche, avec Néstor Marconi et son ensemble en 1989 :

 

 

     et enfin la version chantée par Susana ("La Tana") Rinaldi :

 

 

 

     Finissons, pour mémoire, avec Organito de la tarde par Alberto Marino avec l'orchestre d'Emilio Balcarce, en 1947.

 

 

 

 

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