Al Tango Fuerte
Tango argentin traditionnel
à Alençon (Orne)
Formules mélodico-rythmiques
Rappel de quelques définitions
On considère la mesure à 2x4 (deux noires par mesure) comme une mesure à 4x8 (quatre croches par mesure).
On a défini le temps, unité de durée, comme étant la durée entre l'attaque d'un temps fort (par exemple le 1) et l'attaque du temps fort suivant (le 3 qui suit). L'introduction d'un temps faible entre deux temps forts (par exemple le 2 ou le 4) fera apparaître des durées d'1/2 temps entre l’attaque d’un temps fort et l’attaque du temps faible suivant (par exemple entre le 1 et le 2 ou entre le 3 et le 4 dans une mesure à 4 temps), ou encore entre l’attaque d’un temps faible et l’attaque du temps fort suivant (par exemple entre le 2 et le 3 dans une mesure à 4 temps).
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2 |
3 |
4 |
1 |
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3 |
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Le quart de temps divise encore en deux la durée du demi-temps, selon le schéma :
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1 |
et |
2 |
et |
3 |
et |
4 |
et |
1 |
et |
2 |
et |
3 |
et |
4 |
et |
Le quart de temps est donc la durée entre l’attaque d’un temps fort ou d’un temps faible et le "et" qui le suit, ou entre un "et" et l’attaque du temps (fort ou faible) qui le suit. On décompose ainsi chaque temps, fort ou faible, en deux parties de durées égales, dites "partie forte" et "partie faible" du temps considéré.
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On décrit ci-après un certain nombre de formules mélodico-rythmiques habituellement rencontrées dans la musique Tango, aussi bien dans la base rythmique que dans les lignes mélodiques, étant entendu que,
- dans la base rythmique, les accords sont joués de manière détachée (staccato),
et,
- dans la (les) ligne(s) mélodique(s), les notes sont jouées de manière plus liée (legato).
Nous parlerons des accents pour désigner les notes ou les accords joués marcato, sur lesquels le danseur va donner l'impulsion de son déplacement. Bien que peu marqués, on assimilera à des accents les changements de note du mouvement de la ligne mélodique, car de tels changements de note déterminent aussi les déplacements du danseur, lorsqu'il a choisi précisément de suivre la ligne mélodique.
Rythmes réguliers
Accents sur les temps forts
La formule rythmique considérée tout d'abord sera la répétition régulière de temps accentués, en général les temps forts (le 1 et le 3 dans une mesure à 4 temps). Dans la danse, on désignera en général la marche sur ces temps forts accentués par "marche sur le temps" ("al compás").
Dans une mesure à 4 temps, on aura :
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1 |
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3 |
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1 |
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3 |
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Notons que dans ce cas les temps faibles (les 2 et les 4) sont en général également marqués dans la base rythmique, mais avec moins d’intensité que les temps forts (les 1 et les 3).
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1 |
(2) |
3 |
(4) |
1 |
(2) |
3 |
(4) |
Accents sur les temps faibles
Il peut aussi se faire -plus rarement- que ce soient les temps faibles (le 2 et le 4 dans une mesure à 4 temps) qui, de manière passagère au cours un tango, sont accentués. L’intensité du son se déplace ainsi sur les temps dits "faibles" selon le schéma suivant :
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2 |
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4 |
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2 |
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4 |
Dans la danse, on désignera aussi la marche sur ces temps faibles accentués par "marche sur le temps" ("al compás").
On a ici à faire, à proprement parler,
- à un contretemps, si les accords (ou les notes) accentués (les accents) sont joués staccato, séparés par de brefs silences
ou,
- à une formule de syncope si, après que la note ou l'accord a été attaqué, le son se prolonge jusqu'à l'accent suivant.
Notons que dans ce cas les temps forts (les 1 et les 3) sont en général également marqués dans la base rythmique, mais avec moins d’intensité que les temps faibles (les 2 et les 4).
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(1) |
2 |
(3) |
4 |
(1) |
2 |
(3) |
4 |
Rythmes irréguliers
On parle ici plus précisément de motifs rythmiques, ou de formules rythmiques ou mélodico-rythmiques à partir du moment où la durée qui sépare deux ou au moins deux accents successifs est différente d'1 temps.
Durées supérieures à 1 temps
Durée de deux temps entre deux accents successifs
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1 |
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1 |
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ou
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3 |
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3 |
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On désigne cette formule par mediotiempo.
On peut encore avoir une durée de trois temps entre deux acents successifs
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1 |
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3 |
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A titre d'exemple, on écoutera le début de chacune des phrases 1, 2 et 4 de
la seconde section de Farol, enregistré ici par Osvaldo Pugliese en 1943 avec au chant Roberto
Chanel : écouter notamment à 0.34,
0.40 et 0.56,
ou encore le début de chacune des phrases de la première section du tango Y todavia te quiero, enregistré ici par Carlos Di Sarli en 1956 (au chant Roberto Florio).
Durées inférieures ou égales à 1 temps
Formules rythmiques faisant intervenir un demi-temps - Introduction d’un accent supplémentaire sur un temps faible.
Si, à partir d'un schéma accentuant les temps forts, la base rythmique accentue un temps faible intermédiaire, on aura le schéma suivant :
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1 |
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3 |
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1 |
2 |
3 |
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ou
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1 |
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3 |
4 |
1 |
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3 |
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Pour désigner ce schéma, on parle dans la danse de "doble tiempo" car le pas est redoublé, si le danseur le marque.
Cette formule diffère du "contretemps" qui correspond à une note attaquée sur un temps faible (ou sur une partie faible de temps) mais suivie d'un silence sur le temps fort suivant (ou sur la partie forte du temps suivant). C'est donc par abus de langage que l'on assimile communément ce "demi-temps" ou doble tiempo à un "contretemps".
Dans la danse, un tel doble tiempo est traduit par le danseur par exemple par des pas plus rapides et plus courts, de toute manières possibles, par exemple en pas avant (exemple : "corridas"), en pas de côté, en pas arrière, ou un pied croisé derrière l'autre ("contrapasos"), ou encore par un pas rassemblé, ou par un rebond de forme d'exécution variée.
Motifs utilisant des quarts de temps, notamment en syncopes
On rencontre aussi bien dans la base rythmique que dans la(les) ligne(s) mélodique(s) des cellules mélodico-rythmiques construites sur des notes dont la durée correspond au quart de temps. On peut ainsi mentionner le motif suivant sur une durée d'1 temps, noté musicalement :
aussi représenté par
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1 |
et |
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et |
ou par
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3 |
et |
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et |
en faisant porter l'accent, outre sur le 1 (respectivement le 3) aussi sur le premier "et". On a à faire ici à une des forme caractéristiques de la syncope.
Prenant en compte les accents qui suivent ces motifs, on pourra rencontrer les formules rythmiques suivantes :
Contratiempos de type I, où le second « et » n’est pas accentué :
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1 |
et |
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(et) |
3 |
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1 etc. |
ou
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1 |
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3 |
et |
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(et) |
1 etc. |
Comme on le voit, on trouve 3 accents successifs :
- un accent sur la partie forte d’un premier temps fort ;
- un accent sur la partie faible de ce temps fort, un quart de temps après ;
- un accent sur le temps fort suivant ;
et on repart sur encore un temps fort, en compás ou sur un autre motif rythmique.
A titre d'exemple, on peut reprendre Indiferencia par Juan D'Arienzo (1938) et écouter, notamment à 0.52 et 0.59, le 5ème temps fort de chacune des phrases 3 et 4 de la deuxième section.
Contratiempos de type II, où le second « et » est accentué :
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1 |
et |
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et |
3 |
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1 etc. |
ou
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1 |
|
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|
3 |
et |
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et |
1 etc. |
Comme on le voit, on trouve ici 4 accents successifs :
- un accent sur la partie forte d’un premier temps fort ;
- un accent sur la partie faible de ce temps fort, un quart de temps après ;
- un accent sur la partie faible du temps faible suivant, un demi-temps après l’accent précédent ;
- un accent sur le temps fort suivant ;
et on repart sur encore un temps fort, en compás ou sur un autre motif rythmique.
Pour traduire dans la danse ces formules rythmiques, il est certain que l'on ne va pas se fixer un schéma de danse immuable ; en effet, ces motifs font partie d'un contexte (tout le mouvement de la phrase musicale) et c'est ce phrasé d'ensemble qui inspirera le danseur dans l'organisation de sa danse. On peut néanmoins repérer au cours d'un morceau quelques enchaînements remarquables notamment lorsque des motifs du même type se trouvent répétés sur deux mesures ou plus.
Dernière modification de cette page novembre 2014
(à suivre : Exemple : le tango Y todavia te quiero)